Présentation
Né en 1872 à Madras, en Inde, alors que son père assumait la charge de greffier de la Haute cour, Byam Shaw grandit à Kensington, en Angleterre, où sa famille est retournée vivre à partir de 1878. Il montre très tôt de réelles dispositions pour le dessin et est présenté à l’âge de seulement quinze ans à John Everett Millais, qui lui recommande d’intégrer la St John’s Wood Art school. Il s’y lie d’amitié avec les peintres Gerald Fenwick Metcalfe (né comme lui en Inde) et Rex Vicat Cole. Il y rencontre également l’artiste Evelyn Pyke-Nott, sa future épouse. Étudiant à la Royal Academy à partir de 1890, il remporte le prix Armitage en 1892 pour son Jugement de Salomon. Directement influencé par les préraphaélites et fervent admirateur des poèmes de Rossetti, Byam Shaw puise son inspiration chez les maîtres anciens, et multiplie les supports et les techniques, mêlant peinture à l’huile, pastel, aquarelle, plume et encre, jusqu’à s’essayer à la tapisserie et à la dorure. Bénéficiant du soutien des cercles idéalistes londoniens, il expose fréquemment au sein de la luxueuse Dowdeswell & Dowdeswell’s Gallery, à New Bond Street, où il présente au moins cinq expositions personnelles entre 1896 et 1916. Enseignant au King’s College de Londres depuis 1904, Byam Shaw s’inscrit dans une démarche de transmission en fondant en 1910 une académie privée, la « Byam Shaw School of Art[1] », en compagnie de son épouse Evelyn et de son ami Rex Vicat Cole. Lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, Byam Shaw s’enrôlent avec ce dernier dans les Artists Rifles, et produit des caricatures de guerre pour les journaux. Marqué par le conflit, il meurt en 1919 de la grippe espagnole, à seulement 46 ans.
Fruit d’une technique précieuse et complexe, alliant aquarelle, pastel et gouache sur papier, l’œuvre que nous présentons peut être directement rapprochée des illustrations que Byam Shaw réalise pour la collection « The Chiswick Shakespeare », entre 1899 et 1902. Outre le sujet tiré d’Hamlet, Ophélie, la signature en rouge majuscule, soigneusement apposée sur un phylactère en bas à droite, correspond précisément à la calligraphie de cette série. Si ce thème shakespearien constitua par son caractère tragique l’un des sujets de prédilection des préraphaélites, tels Millais et Rossetti, Byam Shaw se distingue de ses aînés en en proposant une interprétation qui confine au surréalisme. Le visage d’Ophélie émerge de l’eau comme une apparition, environné de nénuphars, baigné par les dernières lueurs du crépuscule, ou les premières de la lune. Ses yeux clos suggèrent autant le sommeil que la mort, comme son demi-sourire oscille entre douleur et abandon, associant ainsi dans cette image singulière de l’héroïne tous les éléments de l’imaginaire symboliste.
 

[1] Nous renvoyons au catalogue de l’exposition consacrée en 1986 à l’artiste par l’Ashmolean museum d’Oxford : Cat. exp. Byam Shaw : a selection of paintings and book illustrations, Ashmolean Museum, Oxford (2 September - 26 October 1986), Balding & Mansell, Wisbech, Camps, 1986.

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