Né à Fossombrone, dans la province de Pesaro, le 25 mai 1887, Anselmo Bucci est un peintre et graveur italien, également auteur de quelques textes littéraires importants. Il fut l'un des protagonistes des avant-gardes artistiques naissantes de la première partie du XXe siècle, aussi bien en Italie qu'en France.
Sa passion pour le dessin se révèle très tôt. Le célèbre peintre Francesco Salvini le prend sous son aile très jeune, avant que le jeune Anselmo intègre, en 1905, les Beaux-Arts de Brera à Milan. Cependant, abhorrant la rhétorique picturale, il décide l'année suivante, à l’âge de 19 ans, de s'installer à Paris, à l'époque capitale de l'avant-garde artistique.
Dans la capitale française, Anselmo Bucci vit une existence difficile d’un point de vue matériel, mais des plus stimulantes au niveau artistique. Il fait notamment la connaissance de Gino Severini, Pablo Picasso, Amedeo Modigliani et bien d'autres. Il se fait peu à peu repérer pour ses gravures, art dans lequel il est devenu un véritable maître, attirant l’attention de critiques tels qu'Apollinaire et André Salmon. Ses gravures les plus célèbres sont celles d’inspiration futuriste, quoique toujours très liées à une figuration post-impressionniste proche du classicisme italien.
Au cours des années 1912 et 1913, fidèle à la tradition des peintres français, Bucci décide de voyager en Europe et en Méditerranée, où il étudiera de nouvelles couleurs et luminosités.
En 1914, lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Anselmo Bucci se porte volontaire pour rejoindre le "Battaillon des cyclistes" en Lombardie, où il rejoint d'autres artistes et poètes futuristes tels que Marinetti, Boccioni, Sant'Elia et Carlo Erba. La même année, à la Mostra dell'Incisione de Florence, il remporte la médaille d'argent. La guerre l'inspire, et il deviendra l'un des "peintres de guerre" les plus prolifiques. Les images qu'il publie à Paris en 1917, concernent justement des moments du conflit et s'intitulent "Croquis du Front Italien". Deux ans plus tard, il se distingue par une série de douze lithographies intitulée "Finis Austriae", toujours centrées sur des situations de guerre.
La Grande Guerre parvenue à sa fin, Bucci revient régulièrement pour de longues périodes à Paris, attiré par la ferveur créative qui foisonne dans la capitale française. Il se consacre désormais pleinement à la peinture, expose dans de nombreuses galeries italiennes et françaises, mais son nom et ses œuvres commencent à circuler également hors de France: en Angleterre, en Hollande et en Belgique notamment.
En 1920, il est invité à la Biennale de Venise. C'est autour de cette date qu'un changement de style s'opère chez Anselmo Bucci, ce qui le ramène à un virage classique. Il aborde ensuite le cercle des intellectuels et des artistes dirigé par l'écrivain Margherita Sarfatti et en 1922, avec Sironi, Funi, Dudreville (qu'il avait déjà connu à l'époque de Brera), ainsi qu'avec Malerba, Marussig, Oppi, il donne vie au groupe dit du "XXe siècle" le Novecento. En effet, c'est lui qui le baptise de ce nom. L'intention programmatique est de revenir à la figure, à la reconnaissabilité du sujet, en se détachant des extrémismes de l'avant-garde naissante, de plus en plus éloignés du classicisme.
En 1920, grâce à son travail accompli à cette période, il est invité à la Biennale de Venise. En 1926, il participe à la première exposition du groupe « Novecento Italiano » mais commence progressivement à prendre ses distances avec le mouvement, et à se lancer toujours plus dans l’aventure littéraire, confirmant par-là son éclectisme artistique.
Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, est l'occasion pour Bucci, comme pour la Première, de se remette en jeu du point de vue artistique., Il se recycle ainsi, pendant le conflit, comme interprète figuratif des faits de guerre, en réalisant notamment des gravures représentant la Marine et l’aviation militaires.
Sa demeure de Milan, qui abrite également son atelier, est détruite en 1943. Il revient donc à Monza dans la maison familiale. Il passera les dix dernières années de son existence dans un isolement total. Il obtient, en 1949, la dernière reconnaissance pour son travail artistique : le Prix Angelicum, qui récompense les œuvres de l'art sacré.
Anselmo Bucci meurt à Monza le 19 novembre 1955 à l'âge de 68 ans.