Née à Niort en 1875, Miriam Rocher est élève du peintre Alphonse Combe-Velluet. Elle obtient à quatorze ans les prix du département des Deux-Sèvres et de la ville de Niort, ce qui lui ouvre les portes de Paris, puisqu’elle devient pensionnaire de la ville durant trois ans. Pendant cette période, elle suit les cours à l’Académie de dessin. Elle fréquente l’atelier de Puvis de Chavannes, le salon d’Antonin Proust, et se lie d’amitié avec Henri Martin – avec qui elle partage la même richesse de nuances. Elle néglige toutefois les salons parisiens auxquels elle préfère l’Union artistique de Toulouse. Sur le plan personnel, elle est mariée avec un architecte distingué de l’époque, membre de la société d’archéologie du midi de la France et ancien professeur à l’école des Beaux-Arts, qui a contribué à la protection et à la rénovation du patrimoine historique et religieux de la région.
La production picturale de Miriam Rocher peut être divisée en deux manières. Sa première période s’étend de ses débuts aux années 1903-1904, durant laquelle elle réalise notamment de nombreux portraits à la touche franche et délicate ; puis à partir de 1904, sa touche devient plus franche et vigoureuse, et son œuvre plus spontanée. Ses paysages se teintent de lyrisme, tandis que ses portraits se font plus psychologiques. Stylistiquement proche de l’impressionnisme, sa manière va progressivement s’apparenter au synthétisme. En ramenant les motifs et les lignes à leurs valeurs essentielles, Miriam Rocher fait la part belle à la couleur. Grande coloriste et luministe, elle joue des oppositions entre les tons purs, et des effets de contraste produits par l’ombre et la lumière.
Grande voyageuse, elle séjourne en Afrique du Nord, mais également en Argentine et au Mexique. Les peintures de paysages réalisées sur place sont tantôt baignées de lumière, ce qui confère aux œuvres une impression de calme infini. A l’inverse, ils peuvent parfois être peints en des tons plus profonds et vigoureux, donnant au paysage une atmosphère étrange. Ainsi, au cours de son voyage au Mexique jusqu’à la Terre de Feu, « elle a conservé quelques toiles restituant le caractère très étrange et le pittoresque grandiose » (L’Echo d’Alger, 6 juin 1928), dont notre peinture en est un parfait exemple.