Présentation
Fils d’un comptable bordelais et d’une mère créole, Charles Lacoste est né à Floirac, commune limitrophe de Bordeaux, en Gironde. Adolescent, il se lie d’amitié au lycée avec le futur poète Francis Jammes ainsi qu’avec Gabriel Frizeau, futur viticulteur et grand collectionneur d’Odilon Redon, Eugène Carrière, Rouault, et surtout Paul Gauguin. Mû très tôt par le désir de devenir peintre, Lacoste se forme en autodidacte en fréquentant les collections publiques et privées de Bordeaux. En 1894, il publie dans L’Estampe originale une vue de Londres qui, par son synthétisme assumé, témoigne déjà des ambitions esthétiques de son auteur. L’artiste effectue alors de fréquents séjours dans la capitale britannique, cité industrielle à l’atmosphère brumeuse et enfumée où il puise progressivement sa propre vision de la nature, épurée et mélancolique. C’est à cette époque qu’il fréquente André Gide, Arthur Fontaine, les frères Rouart et le compositeur Henri Duparc. Refusé à la Société des amis des Arts de Bordeaux, il participe en 1898 au Salon de La Plume, alors que la revue vient de publier son article « La Simplicité en peinture », puis expose la même année au Salon des Cent. Installé à Paris il prend part aux Indépendants dès 1901, puis au Salon d’Automne à partir de 1903. Grâce à Gide, l’artisterencontre le marchand Eugène Druet qui le soutient en l’exposant chaque année de 1904 à 1938, et en accueillant sa première exposition individuelle en janvier 1905. Également défendu par Berthe Weill à partir de 1906, son travail connait un certain succès, et sa notoriété dépasse les frontières, notamment au Salon de la Libre Esthétique à Bruxelles en 1907, puis au Salon de la Toison d’Or l’année suivante à Moscou. Dans l’entre-deux-guerres, Lacoste parvient àappliquer sa vision à de grandes peintures murales en réalisant les décors de l’escalier est du Palais du Sénat en 1928 et duMuseum d’histoire naturelle de Toulouse en 1930.
Daté de 1907 et provenant de la collection du grand mécène et collectionneur Georges Couturat, notre paysage illustre tout ce qui a fait la singularité de la peinture de Charles Lacoste. Amateur d’art japonais, et collectionneur d’estampes, ce dernier applique dans ses toiles une simplification des formes et de vastes perspectives soulignées par des aplats de couleurs aux douces tonalités. Ce coin de forêt apparaît dépouillé de toute trace humaine, structuré par les verticales strictes ou plus sinueuses des troncs d’arbres jaillissant d’un sol seulement animé par quelques merles et branches mortes. Le peintre nuance ses aplats colorés par une touche moins grasse et plus précise, en y ajoutant une subtile perception de la lumière projetant les ombres sur le gazon vert. Révélatrice d’une vision faite d’ordre et de mesure, à la manière des nabisVallotton et Maurice Denis, notre peinture témoigne des évolutions que connaît la production de Lacoste dans cette première décennie du XXème siècle. C’est précisément cette recherche continue de simplicité et de pureté synthétique qui suscitent les éloges de son ami Francis Jammes, dans la préface de l’exposition du peintre à la galerie Druet en 1905 : « Charles Lacoste habite le pays de la discrète harmonie, là règne un goût si parfait que jamais un cri discordant netrouble le paysage ; il n’y a nulle tendance aux effets dans cet art naturellement simple et distingué sans effort et qui a la race. il semble même que cette peinture craigne de se faireremarquer. C’est là son génie à cette époque. »
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Expositions