Né à Riseberga, petit village de la province suédoise de Scanie, Nils Forsberg grandit au sein d'une famille paysanne, et travaille d’abord comme ouvrier agricole. Encore adolescent, il effectue un apprentissage de peintre en bâtiment à Göteborg, qui l’oriente providentiellement vers une voie plus artistique. En 1867, soutenu par une bourse de l’État obtenue grâce à une sculpture de Minerve réalisée durant son apprentissage, Forsberg se rend à Paris, où il intègre l’atelier de Léon Bonnat à l’École des Beaux-arts. Outre un solide dessin, il acquiert rapidement auprès de ce dernier une touche picturale toute en matière héritée des maîtres espagnols. En 1870, Forsberg se retrouve bloqué dans la capitale lors du siège de Paris et décide de s’engager comme ambulancier. Cette expérience au plus près d’un épisode particulièrement sanglant vient nourrir durablement sa peinture, qui, à l’instar de son maître, se teinte par la suite d’un caractère dramatique et baroque, amenant le critique Richard Muther à qualifier Forsberg en 1896 de
« Bonnat Suédois[1] ». Exposant régulièrement au Salon à partir de 1872, il obtient la consécration en 1888 en remportant une médaille de première classe pour
La Fin d’un héros (cat. n° 1014), toile historique inspirée de la guerre franco‑prussienne, aujourd’hui conservée au Nationalmuseum de Stockholm. Dès l’année suivante, le tableau remporte une médaille d’argent à l’Exposition Universelle, concrétisant une nouvelle fois la reconnaissance critique et officielle de son auteur en tant que peintre d’histoire. Proche d’Akseli Gallen-Kallela, Forsberg affirme son patriotisme scandinave et fait sensation au Salon de 1897 avec une composition de grande envergure,
Gustave-Adolphe, roi de Suède, exhortant son armée devant l'ennemi, commandé par Wallenstein, à Lutzen, le 6 novembre 1632 (cat. n° 659). Présentée une nouvelle fois à l’Exposition Universelle de 1900 dans la section suédoise (cat. n° 30), cette œuvre emblématique intègre ensuite les collections du musée de Göteborg. Devenu l’une des figures artistiques les plus éminentes de son pays, il revient s’installer définitivement en 1904 à Helsingborg et participe activement à la réforme de l’enseignement académique, tout en poursuivant une carrière de portraitiste et de décorateur.