Présentation
Né en 1873 à Paris au sein d’une famille lorraine ayant fui deux ans plus tôt l’envahisseur germanique, Augustin Grass-Mick montre très tôt de réelles dispositions pour le dessin, alors que ses parents reçoivent régulièrement chez eux de nombreux artistes devenus leurs amis, tels le caricaturiste-sculpteur Ferdinand Cresigny ou l’affichiste Alfred Choubrac, élève de Jules Chéret. Le peintre Édouard Detaille, chantre des gloires de l’armée française, accepte de prodiguer des conseilsau jeune homme en le recevant dans son atelier. A quatorze ans, Grass-Mick fréquente l’atelier du dessinateur lithographe Georges Lemoine, puis apprend la décoration chez les frères Dangler, avec qui il participe à l’Exposition Universelle de 1889. Après avoir complété son apprentissage manuel chez le peintre de vitraux Georges Lavergne, il suit les cours du soir de l’École des Arts Décoratifs. C’est à cette époque qu’il débute une carrière d’affichiste et de dessinateur, publiant ses satires graphiques au Charivari, au Cri de Paris, au Rire et à la Chronique amusante. Cette activité l’introduit dans le tout Paris des arts et des lettres, le liant avec Verlaine, Gauguin, Toulouse-Lautrec, Degas, les sculpteurs Rodin, Bartholdi et Bourdelle. Après trois ans de service militaire au 22èmerégiment de Dragons de Sedan, Grass-Mick s’installe en 1897dans un atelier que son ami Erik Satie lui découvre au 67 rue Lepic, à Montmartre. S’orientant résolument vers la peinture, il expose aux Indépendants à partir de 1903, puis dès l’année suivante chez Berthe Weil aux côtés de Matisse, Marquet, Dufy et Picasso. Ses œuvres rencontrant un certain succès, il prend part au Salon d’Automne de 1905 qui voit émerger les fauves, avant que Berthe Weill n’accueille sa première exposition personnelle en 1911. En 1912, il quitte brusquement la capitale pour se fixer à Marseille en compagnie de son épouse, elle-même originaire du sud de la France. Sans renoncer à la peinture, il s’adonne à la critique et à l’histoire de l’art, publiant deux ouvrages essentiels sur Puget et Daumier.
Figurant un coin d’atelier, notre grande huile sur carton a vraisemblablement fait partie des envois de Grass-Mick aux Indépendants en mars 1906, ainsi qu’au Salon d’Automne quelques mois plus tard. En effet, pendant quelques années, l’artiste se plait à exposer des vues bigarrées de son intérieur, dont les murs chargés de tableaux, affiches et éventails semblent assez prisés des collectionneurs. L’année suivante, Louis Vauxcelles ne manque pas de saluer ainsi les « intérieurs papillotants de M. Grassmick ». Si le traitementdu tableau, synthétique et japonisant, n’exclut pas les larges coups de brosse, le sujet offre à l’artiste le prétexte d’employer des couleurs vives directement puisées chez ses condisciplesfauves, tels Derain, Vlaminck et Matisse.
Œuvres
Expositions