Présentation
Élève du Conservatoire impérial, dotée d’une voix de Contralto, Louise-Alexandra Desbordes-Jouas soriente dabord vers une carrière lyrique à lOpéra de Paris où elle est engagée en 1868, avant de se tourner exclusivement vers la peinture en 1872, en étudiant auprès du peintre belge Alfred Stevens, alors au faîte de sa gloire. C’est dans l’atelier de ce dernier qu’elle rencontre Louise De Hem, Alix dAnethan et Berthe Art. Exposant pour la première fois au Salon en 1876, elle présente des bouquets de fleurs, mais aussi de saisissants paysages nocturnes et des portraits qui connaissent un certain succès, lui obtenant une mention honorable en 1880 ainsi qu’à l’exposition universelle de 1889. Saluée très tôt par Huysmans, collectionnée, entre autres, par Charles Hayem et Sarah Bernhardt avec qui elle se lie d’amitié, elle contribue également à la vie artistique belge en participant dès 1878 au salon triennal de Bruxelles, mais également aux expositionsdu Cercle des femmes peintres de 1888 et 1890. Rapidement associée au courant symboliste, elle rejoint la Société Nationale des Beaux-arts dès 1890, et prend part à partir de 1893 aux expositions de l’Union des femmes peintres et sculpteurs à la galerie Georges Petit. Desbordes fait également partie du groupement féminin « Les Quelques » qui expose à partir de 1908 à la Galerie des artistes modernes, rue Caumartin, et compte parmi ses membres les sculptrices Jane Poupelet et Marie Cazin ainsi que les peintres Louise Galtier-Boissière et Clémentine-Hélène Dufau.
Par son atmosphère de brume et de mystère, notre petit paysage appartient à la part la plus symboliste de la production de Louise Desbordes. Dans un format semi-ovale aux allures de fenêtre ouverte, l’artiste offre un point de vue sur la cathédrale Notre-Dame de Paris, saisie depuis le quai de la Tournelle. Les deux tours et la flèche du puissant édifice gothique dominent le pont de l’archevêché, la Seine et ses rives, noyés dans la vapeur douce d’un début de soirée embrumé. Les formes des architectures, l’eau et le ciel se fondent en harmonies délicates de tons gris à peine teintés dequelques rehauts d’or qu’un soleil couchant trop masqué tente en vain de répandre. Ce sont ces éléments de facture très singuliers qui suscitent assez tôt l’intérêt d’Arsène Alexandre dans les colonnes du Figaro : « Mme Louise Desbordes devrait être très connue et très appréciée depuis le temps déjà long quelle affirme son indépendante nature, toute éprise de riches couleurs et de visions de rêve : paysages fantastiques, fleurs deau, visions, évidemment on songe à Gustave Moreau, et pourtant cest autre chose ». Notre tableau a peut-être figuré parmi les paysages parisiens présentés après 1900 à l’exposition de l’Union des femmes peintres à la galerie Georges Petit, car plusieurs comptes rendus critiques semblent s’y rapporter. Arsène Alexandre y salue « les peintures de Mme Louis Desbordes, [….] exécutées avec un rare souci de la matière précieuse : […] des paysages fantastiques et vrais, dont Paris est le thème : en un mot des efforts ou des trouvailles d’artiste vraie ». Comme frappé dextase, le poèteJean Lorrain se montre quant à lui encore plus dithyrambique en associant avec acuité les toiles de Louise Desbordes aux célèbres nocturnes de Whistler : « Un précieux, un hallucinant paysage représente les quais de Paris vus du Pont de Sully, un Paris de brume et de rêve à l’heure ou s’allument les premiers réverbères et cette élève de Stevens me fait penser pour la première fois à Whistler. »
Œuvres
Expositions