Présentation
Parmi tous les adeptes du luminisme de Joaquín Sorolla y Bastida, le peintre José Mongrell Torrent est le plus souventconsidéré comme le plus proche sur le plan pictural. Originaire de Valence, comme son illustre maître, il se forme à l’académie royale des Beaux-arts de San Carlos, où il intègreen 1885 les ateliers d’Ignacio Pinazo Camarlench et deFrancisco Domingo Marqués. Après des débuts comme portraitiste, il s’adonne peu à peu au paysage puis à la peinture de genre. Naturaliste par ses sujets, il s’attache à montrer en particulier les réalités du labeur acharné et quotidien des paysans, pêcheurs et ouvriers. Participant à partir de 1890 à la Nacional, lExposition des Beaux-arts de Madrid, son tableau « El mortet » (« Le mortier »), y est salué par la critique en 1893. L’année suivante, ses portraits suscitent les éloges à lExposition du Cercle des Beaux-arts de Valence. Fort de ses premiers succès, Mongrell s’installe à Madrid de 1899 à 1906,  il devient l’élève de Sorolla et participe à ce titre à la Nacional de 1901. Il puise rapidement chez ce dernier une facture plus enlevée et moderne, ainsi qu’une attention particulière au traitement de la lumière, à travers une grande gamme de nuances chromatiques. Dans la capitale, le jeune peintre fréquente également le noyau intellectuel du Café de Levante, où il rencontre Valle Inclán et Pío Baroja. A partir de 1906, il établit son atelier à Cullera, station balnéaire au bord de la Méditerranée, juste au sud de Valence, afin d’y pratiquerune peinture de plus en plus lumineuse, multipliant les paysages, marines et scènes mêlant pêcheurs et baigneurs. Mongrell prend parallèlement part aux prestigieuses expositions Internationales de Barcelone,  il est médaillé en 1907 et 1911. L’artiste s’installe enfin définitivement à Barcelone en 1913 lorsquil obtient la chaire de dessin à lÉcole des Beaux-Arts et des Arts Industriels de la ville. Très prisé, son enseignement marque durablement la génération suivante, tels les peintres Rigoberto Soler dAlcoy ou Luis Fernández.
Saisissant par son sujet empreint d’émotion, notre huile sur toile appartient à la période madrilène de Mongrell, alors qu’il étudie auprès de Sorolla. L’artiste met en scène une jeune mère, peut-être Josefina López, son épouse depuis 1901, donnant une cuillère de médicament à son fils alité. Par un jeude contrastes assez sophistiqué dombres et de lumières, Mongrell prouve sa singularité en appliquant la touche moderne de son maître à un intimisme plus ténébreux. A rebours des harmonies sombres et nuancées des couleursbleue, grise et mauve de la pièce, le peintre introduit au centre de sa toile des notes intenses orange et verte, mettant précisément en valeur la cuillère et la tasse du remède prodigué au convalescent. Le profil de ce dernier, comme celui de sa mère qui lui fait face, apparaît en ombres synthétiques, à contre-jour de l’éclairage puissant de la lampe, disposée sur la table de nuit. Cette étrange source lumineuse confère quelques subtils reflets orangés à la couverture du litoccupant le premier plan. Par sa composition, notre tableau n’est pas sans évoquer directement une autre œuvrecontemporaine du peintre, Sin remedio (fig. 1), qui remporte une médaille de troisième classe à la Nacional de 1904 (cat. n° 910). Toutefois, la mort, irrémédiable et tragique, n’a ici pas le dernier mot. En mettant ostensiblement l’accent sur la tendresse d’une mère pour son fils, notre toile résonne symboliquement face à la souffrance comme un hymne à l’espérance.
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