Présentation
Originaire du New Jersey, Albert Pike effectue un passage au Packer Institute de Brooklyn avant de se choisir une vocation artistique et de s’embarquer à l’âge de vingt ans pour l’Europe. Après un voyage d’étude de plusieurs mois en Belgique et en Hollande, il s’installe à Paris où il intègre dès 1882 l’École des Beaux-arts. Il y suit d’abord l’enseignement de Gustave Boulanger, puis rejoint les ateliers d’Ernest Hébert, Gustave Courtois et Pascal Dagnan-Bouveret, auprès de qui il étudie jusqu’en 1888. Esprit curieux, il s’adonne également à la sculpture et reçoit dans cette même école les leçons de Jean-Antoine Injalbert. De 1890 à 1901, il expose presque chaque année au Salon de la Société Nationale des Beaux-arts, dont il devient membre associé dès 1892. En associant un dessin naturaliste précis et rigoureux à un symbolisme décoratif, ses sujets sont le plus souvent prétexte à figurer le nu féminin en pleine nature et rencontrent de ce fait un certain succès auprès de la critique. En 1896, son grand tableau L’Appel, représentant trois femmes nues dans un paysage, est récompensé au Salon du Champ de Mars (cat. n° 833), avant d’obtenir une autre médaille à l’Exposition pan-américaine de Buffalo, en 1901. Lors de l’Exposition Universelle de 1900, il surprend en exposant un buste, Sambo, au sein de la section américaine (cat. n° 32). Après vingt ans à Paris, Lucas séjourne rapidement en Italie, puis retourne définitivement aux États-Unis en 1902, installant son nouvel atelier à New York. Exposant régulier des célèbres galeries Folsom et Macbeth, de l’Albright Art Gallery de Buffalo, ainsi que du City Club de New York, il se tourne vers la peinture de paysage, privilégiant des représentations nocturnes et des effets atmosphériques lumineux le rapprochant de l’impressionnisme et de Whistler.
Précisément datée de 1893, notre toile se rattache à la période parisienne d’Albert Pyke Lucas. Figurant le portrait en buste et de profil d’une jeune femme brune emmitouflée dans un élégant châle fleuri rose, vert et jaune, elle semble illustrer les explorations symbolistes que mène à l’époque l’artiste. Sur un fond vert foncé créant un espace indifférencié et sans profondeur rappelant les antiques effigies de Holbein, le modèle paraît emprunter sa pose aux portraits traditionnels de la Renaissance Italienne. Toutefois, il s’en distingue par l’expression de son visage qui, émergeant du châle, le menton relevé, tourne son regard vers le ciel comme pour l’exposer davantage à la lumière. Son teint quelque peu halé, comme ses cheveux noirs attachés en demi-queue derrière le crâne lui donne des allures d’amérindienne, rappelant les origines transatlantiques de Lucas. Accentuant le mystère, ce dernier confère à cette jeune femme l’apparence d’une sainte, voyante, martyre ou vierge dont l’iconographie serait puiséedans les récits bibliques, témoignant ainsi d’un certainmysticisme auquel Dagnan-Bouveret n’était pas étranger.
Œuvres
Expositions