Présentation
« Iker développe toujours son talent très original, très robuste, très captivant. Sa dureté même a un grand charme. Dans ses figures de femme, il met une douceur irritante, mêlée de pudeur farouche. Et cela par pure effusion de personnalité ! »
Daté de 1891 et exposé à au moins trois reprises entre 1893 et 1895, notre saisissant portrait de femme au pastel vient illustrer les éloges que formule le poète et romancier Emile Hinzelin à l’égard d’Alphonse-Ernest Iker, et mettre un peu plus en lumière la production de jeunesse de ce peintre montmartrois. Enfant de la capitale, l’artiste effectue une partie de sa formation à l’école des Beaux-arts, où il figure sur les registres comme élève avant 1894. Établissant son atelier rue Lepic, sur la butte, il débute comme paysagiste en peignant des vues de Paris et de la proche banlieue et fait peu à peu du pastel l’une de ses spécialités, s’attachant à traduire les différentes variations lumineuses de la journée. Dès 1891, ses œuvres sont saluées au Salon des Indépendants :« parmi les jeunes artistes qui donnent les plus belles promesses se trouve M. Iker, dont le pastel est une œuvre très délicate et très personnelle ». A partir de 1892, il participe régulièrement aux expositions des Peintres Impressionnistes et Symbolistes organisées par la galerie Le Barc de Boutteville, rue Le Peletier à Paris. Présent aux côtés de Maurice Denis, Bonnard, Filiger, Vuillard, Verkade, Anquetin, Sérusier, Séon, Ranson et Toulouse-Lautrec, Iker est rattaché par la critique au groupe des symbolistes.  Le célèbre conteur et chroniqueur Firmin Javel le qualifie ainsi de « paysagiste-poète », « qui chante la nature avec des accents dune discrète et pénétrante mélodie. Ses petites toiles sont autant de fenêtres ouvertes sur un monde peut-être irréel, mais d’une irrésistible attirance ». Exposant au Salon de la Société nationale des Beaux-arts à partir de 1893, puis au Salon des Cent imaginé par Léon Deschampset lancé à Paris en février 1894 dans le hall de la revue La Plume, Iker réalise plusieurs portraits au pastel d’hommes de lettres dont il est proche, tels Louis Dumur, Paul Wacquez et Georges d’Esparbès. Présenté à plusieurs reprises en 1893, à la Galerie Georges Petit, aux Indépendants puis au Barc de Boutteville, ce dernier portrait en particulier suscite les compliments de la critique, tant l’artiste a su rendre vivant son modèle « dont les yeux sont très regardants, très vibrants comme lorsqu’il dit ses beaux vers ». 
Exposé au Salon des Indépendants de 1893 aux côtés du célèbre portrait de l’écrivain sous le titre de Convalescente (cat. n° 689), notre pastel frappe tantpar la maîtrise technique de son auteur que par l’expressivité du modèle. Marqué par le symbolisme puissant et tragique qui en émane, le critique Daniel Dux s’attarde longuement sur cette singulière effigie féminine : « Dans les prunelles décolorées dune jeune femme, dans ses lèvres pâles encore et frémissantes, dans la peau de son visage nacrée par endroits, respirent toute langoisse davoir effleuré la mort et la joie de renaître au jour ». En fin analyste, Dux conclue son article en soulignant ce que contient d’avant-gardiste la facture synthétique et cloisonnée de l’œuvre : « la sécheresse d’exécution paraît une poésie de plus ». A travers un cadrage volontairement resserré, presque photographique, Iker fixe les traits d’une jeune femme brune aux yeux bleus clairs, le regard encore perdu dans ses pensées, vêtue d’une robe de chambre blanche aux allures de linceul. Ce dernier, s’accordant avec le teint blafard de la convalescente, vient offrir un vibrant contraste avec l’oreiller orange vif et le rideau fleuri rose et blanc de l’arrière-plan, dont l’absence de profondeur et de modelé évoque les estampes japonaises. En associant la maladie et la mort, sujets chers aux symbolistes, à des éléments plastiques résolument modernes, Iker s’inscrit dans l’avant-garde et justifie les louanges du journaliste et critique d’art Gustave Babin, qui voit alors en lui l« un des plus talentueux parmi les jeunes ».
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Expositions