Présentation
Né à Berlin de parents anglais, Walter Spindler passe une partie de son adolescence à Londres avant que son père William Spindler, riche entrepreneur ayant fait fortune dans l’industrie chimique, s’installe sur l’île de Wight en 1881. S’orientant vers la peinture, le jeune homme étudie à la Royal Academy et participe pendant quelques années aux expositions de cette dernière, de 1892 à 1896, en présentant des portraits et des compositions symbolistes inspirées des préraphaélites. A partir de 1893, il expose également au Salon des Artistes Français puis en 1898 à la Société Nationale des Beaux-arts. Francophile, Spindler va jusqu’à établir son atelier à Paris dans les années 1890, au 59 avenue de Saxe dans le VIIe arrondissement. Il se lie avec plusieurs peintres français, notamment Georges Clairin dont il expose le portrait au Salon de 1894 (cat. n° 1689). Issu d’un milieu très aisé, l’artiste n’a probablement jamais été dans l’obligation de vendre ses œuvres et hérite de l’empire familial à la mort de son père en 1889. Son œuvre n’en demeure pas moins féconde, comme en témoignent ses collaborations à l’illustration de nombreux livres et poèmes d’Oscar Wilde, Lord Alfred Douglas ou encore Jean Lorrain. En 1895, il illustre The Gods, Some Mortals & Lord Wickenhamde John Oliver Hobbes, pseudonyme de l’écrivaine anglo-américaine Pearl Craigie. Le peintre se lied’une profonde amitié avec cette dernière, fille d’un riche entrepreneur américain, John Morgan Richards. Spindler participe ainsi à la décoration de sa somptueuse villa connue sous le nom de CraigieLodge sur l’île de Wight. Partageant une attirance commune pour la littérature et le monde des arts, ils entretiennent une relation tumultueuse durant plusieurs années. L’Aberdeen Press and Journal annonce même leur mariage en février 1897, mais l’union n’aura finalement jamais lieu, Pearl répondant sans cesse à des sollicitations professionnelles qui auront raison de sa santé fragile, puisqu’elle meurt subitement en 1906 d’un arrêt cardiaque.
Notre séduisant portrait figure celle qui fut incontestablement l’autre muse de Walter Spindlertout au long de sa carrière : Sarah Bernhardt. Égérie du monde artistique de l’époque, elle est ici peinte en buste de profil, en costume de scène devant un élégant rideau de velours rouge aux reflets dorés. Si son profil aigu est ici un peu adouci et idéalisé par le pinceau, sa singulière chevelure rousse s’impose sur la toile, hirsute et omniprésente, telle qu’elle sera arborée l’année suivante par la comédienne dans son rôle de Cléopâtre (fig. 1). Spindler fait la connaissance de Sarah Bernhardt dès les années 1880, et devient rapidement l’un de ses intimes. En 1887, il réalise ainsi une série de treize portraits de l’actrice à l’aquarelle et expose en 1893 une autre version à l’huile de son effigie à la Royal Academy(cat. n° 126). En pleine gloire, la tragédienne confieau peintre les illustrations de ses mémoires, publiées en 1907 avec de multiples portraits. L’année suivante, sur l’une de ses aquarelle représentant Sarah Bernhardt en Muse de la tragédie, Spindler note quelques mots qui traduisent bien l’étendue de la vénération qu’il éprouve pour celle qui fut son modèle presque exclusif, exerçant sur lui un véritablepouvoir de fascination : « Tous mes désirs, tous mes vouloirs me viennent delle ».
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Expositions