Présentation
Élève d’Alexandre Cabanel et de l’orientaliste Eugène Fromentin, Henri Gervex connaît une consécration précoce à vingt-deux ans pour sa deuxième participation au Salon en 1874. Sa toile, Satyre jouant avec une bacchante, lui vaut une médaille de deuxième classe et est achetée par l’État pour le musée du Luxembourg. Il alterne par la suite les thèmes mythologiques dans la pure tradition académique avec des portraits et des scènes de genre. Partageant de plus en plus les préoccupations plus modernes des premiers impressionnistes, en particulier leur goût pour les sujets contemporains et la peinture claire, Gervex se lie d’amitié avec Degas, Manet etRenoir dans les cafés du quartier de la Nouvelle Athènes. Depuis le refus pour indécence de Rolla au Salon de 1878, sonsuccès se teinte d’un parfum de scandale et le peintre multiplie les représentations de scènes intimes mettant en exergue desnus séduisants au réalisme presque photographique. Vif et spirituel, familier de Rodin, Helleu, Blanche et Guy deMaupassant, Gervex mène une carrière brillante, jalonnée d’honneurs, de distinctions et de commandes officielles en France et à l’étranger. Membre du jury des Expositions universelles de 1889 et 1900, il est commandeur de la Légiond’honneur en 1911 (après avoir été fait successivement chevalier en 1882 et officier en 1889), et entre à l’Institut en 1913. Il participe également à la décoration de plusieurs édifices publics comme l’Hôtel de Ville de Paris, l’Opéra-Comique, le buffet de la gare de Lyon, la Sorbonne, la mairie du XIXème arrondissement.
Notre grand pastel sur papier vient souligner toute la maîtrise technique également acquise par Henri Gervex sur le plan graphique. En effet, à l’image de Degas, l’artiste avait fait du pastel l’une de ses spécialités. Parallèlement aux Salons, entre 1885 et 1928, il participe presque sans discontinuer aux expositions organisées à la galerie Georges Petit par la Sociétédes pastellistes français, dont il assure la présidence à partir de 1913. Gervex a ici saisi le nu nacré d’une jeune femme à la chevelure rousse relevée en chignon, debout, de dos, le profilfuyant, tournée vers sa Psyché, l’imposant miroir en bois sombre et aux bronzes rutilants disposé à l’arrière-plan.Comme à son habitude, le peintre accorde une attention toute particulière aux effets de lumière sur les chairs, et semblecomme envelopper son modèle d’une vapeur légère, harmonisant ainsi son délicat teint laiteux aux tonalités de la robe blanche et froissée, négligemment déposée sur la chaise à gauche. Empreint d’une grande sensualité, notre pastel offre le témoignage d’une sensibilité poétique et raffinée propre à Gervex. Que ce soit comme amant en titre de la sulfureuse demi-mondaine Valtesse de La Bigne qui inspira l’héroïne du roman ou par ses liens privilégiés avec Zola, l’artiste serait en partie à l’origine de la genèse de Nana. Après les scandales successifs du tableau de Manet en 1877 et de l’œuvre de Zolapubliée en 1879, il n’a de cesse de s’attacher à reprendre le sujet naturaliste de la courtisane surprise à sa toilette. En ajoutant à ces scènes un intimisme délicat alliant la rigueur de composition à une grande liberté de facture, Gervex parvient à relier le milieu de la peinture la plus officielle au modernités du mouvement impressionniste.
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