Présentation
Né à Grenade, issu d’un milieu aristocratique fortuné, Luis Ricardo Falero de Candelarese, futur duc de Labranzano, est envoyé par sa famille effectuer sa scolarité en Angleterre, au Collège de Richmond, puis dans un lycée parisien. Revenu en Espagne en 1866, il intègre l’école navale pour se destiner à une carrière dans la marine espagnole. Pris de dégout pour cette dernière, et irrésistiblement attiré par les arts, il rompt avec sa famille et fuit clandestinement à Paris pour y étudier lapeinture en autodidacte. Devant désormais subvenir à ses besoins, il entame une activité de portraitiste qui l’introduit très jeune auprès des membres du ministère des Beaux-arts, Chennevières compris. Passionné par les sciences, en particulier l’astronomie et la chimie, il se lie d’amitié avec Camille Flammarion et entame parallèlement une formation d’ingénieur qui le verra participer à la fondation de la Société internationale des électriciens en 1883. Exposant au Salon de 1877 à 1886, Falero rencontre un certain succès en pratiquantun art singulier qui associe le nu à des scènes orientalistes ou fantastiques. Il réalise ainsi d’étonnantes allégories astrales, telle son Etoile double qui fait sensation au Salon des Artistes français de 1881 (cat. n° 860). Reproduite et diffusée par la maison Goupil (fig. 1), l’artiste la présente à nouveau lors del’Exposition Universelle de 1889, où elle est remarquée au sein de la section espagnole (cat. n° 29). Falero agrémente aussi parfois ses compositions d’une touche ésotérique pleine d’humour, comme dans la Sorcière qu’il expose aux Indépendants de 1884 (cat. n° 365). Sa renommée devenant internationale, il s’installe en 1887 à Londres où il bénéficie d’un solide réseau de collectionneurs et de marchands diffusant ses œuvres jusqu’à New York. Outre la Royal Academy, il expose ainsi au sein des grandes galeries de Bond Street, à la Grosvenor Gallery, et à la Lifford Gallery de Piccadilly Street.
Dédicacées et offertes par Luis Falero à son ami le peintre franco-allemand August Friedrich Schenck, notre paire de petits tableaux se rattache à la période parisienne de l’artiste. Elles constituent de rares esquisses pour deux composition plus grandes figurant les allégories du jour et de la nuit, aujourd’hui en mains privées. Dans un savant jeu de contraste, le peintre s’amuse à opposer les attitudes et les postures des deux femmes nues aux chairs roses flottant dans les cieux. Associée à un soleil couchant sur l’océan et irradiant l’atmosphère d’un puissant jaune canari, la première, blonde, de face, se cache le visage, accompagnant l’astre du fond dans son mouvement de descente, entourée d’une élégante draperie blanche. A l’inverse, dans les ténèbres étoilés de la nuit, la seconde, brune, de dos, est saisie dans son ascension pour étreindre la lune, laissant tomber derrière elle de virevoltants drapés noirs. Si les sujets renvoient naturellement à la passion qu’éprouve Falero pour l’astronomie, ils fournissent également au jeune artiste un prétexte supplémentaire pour peindre des nus féminins, auxquels il voue une véritable fascination : « J’affectionne le nu, non seulement parce que c’est ce que je trouve de plus difficile, mais c’est parce que c’est pour moi l’expression la plus parfaite de la beauté chez la femme. Et je cherche sans préjugés de pudeur, préjugés déplacés en art, à rendre la grâce féminine telle que je la vois. »
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