Présentation
Né à Turin, Enrico Gamba grandit au sein d’une famille de notables de la ville. Nommé baron en 1835 par le roi Charles Albert de Sardaigne, son père Alberto Gamba est doyen de la Chambre des Commissaires aux comptes. Son frère aîné, Francesco Gamba est déjà un peintre établi lorsqu’Enrico est inscrit à l’âge de douze ans à l’Accademia Albertina, où il étudie auprès de Michele Cusa, Giovanni Marghinotti et Carlo Arienti. Encouragé par sa mère Marta Borgnis de Mannheim, une aristocrate d’origine germanique, le jeune artiste intègreen 1850 l’atelier d’Eduard von Steinle à l’École Städel de Francfort, où il se lie d’amitié avec le peintre anglais Frederic Leighton. En compagnie de ce dernier, il effectue un important voyage dans le nord de l’Europe, en Belgique et en Hollande, avant de retourner en Italie, visitant successivement les villes de Vérone, Padoue, Venise, Florence et Rome. Séjournantentre 1853 et 1855 dans la ville éternelle, les deux amisfréquentent les artistes du Caffè Greco et font la rencontre de Friedrich Overbeck. Invité ensuite par Leighton dans son atelier parisien en 1855, il fait la connaissance d’Ernest Hébert et Ary Scheffer. Mêlant une certaine influence nazaréenne à son goût pour l’histoire, Enrico Gamba fait pour la première fois sensation lors de la présentation de ses Funérailles de Titien à la Brera de Milan en 1855. Également exposé l’année suivante à la Promotrice de Turin, le tableau est directementacheté par le roi Victor-Emmanuel II et permet à l’artiste d’obtenir un poste de professeur à l’Albertina. Consacré comme peintre d’histoire, il obtient en 1860 la commandepublique d’un grand format figurant Le roi Victor-Amédée II venant en aide aux victimes de la Guerre de Succession d'Espagne. Achevé en 1864, la toile rencontre un franc succès à Paris lors de l’Exposition universelle de 1867. Dans le prolongement de l’unification italienne, il multiplie les grandes scènes patriotiques de la période du Risorgimento, et entre 1875 et 1880, collabore avec Andrea Gastaldi au chantier de restauration de la cathédrale de Chieri, dans sa ville natale de Turin.
Alliant l’aquarelle et la gouache à un savant usage du papier blanc laissé en réserve, notre séduisant portrait traduit toute la maîtrise technique atteinte par le pinceau foisonnant d’Enrico Gamba. Il illustre également l’intérêt prononcé de ce dernier pour le théâtre en saisissant les traits de Sarah Bernhardt dans son rôle iconique de Phèdre. En 1874, la jeune membre de la Comédie Française s’est saisie du rôle-titre de la pièce de Racine aux côtés de Mounet-Sully en Hippolyte, et connaît ses premiers triomphes. Auteur d’importants décors pour les théâtres de Baltimore et de Buenos Aires, Enrico Gamba a également réalisé plusieurs portraits à l’aquarelle de cette gloire montante du théâtre français. Vraisemblablement réalisée vers 1879, alors que Sarah Bernhardt reprend son célèbre rôle, notre feuille se distingue par l’attention portée à l’expression de l’actrice, comme saisie sur scène, voilée dans son costume antique. Doucement modelé par un éclairage latéral, son visage de profil laisse apparaître ses lèvres encoreentrouvertes d’où émane sa voix caressante, alors que ses yeux égarés suggèrent la pose languide et éthérée qui a fait tout son succès. Gamba réussit le tour de force de rendre avec finesse la vie intérieure de son modèle, emprunte d’une religiosité confinant au mysticisme, à même d’interpréter à la perfection le magnétisme d’une Phèdre entièrement soumise à ses passions, tout à la fois séductrice et inquiétante.
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